L’univers de l’intelligence artificielle (IA) est vaste et complexe. Dans ce monde en constante évolution, une ressource a acquis une importance primordiale : les données. Sans elles, il est impossible de concevoir, de déployer ou d’améliorer les systèmes d’IA. Mais que se passe-t-il lorsque ces données deviennent inaccessibles à tous, sauf aux géants technologiques les plus fortunés ? C’est la question soulevée par ce sujet, qui met en lumière une problématique majeure de notre époque.
Les données : le carburant des modèles d’IA
Les systèmes d’IA sont essentiellement des modèles probabilistes qui reposent sur d’énormes quantités de données. Plus ces systèmes ont de données à leur disposition, plus leurs performances tendent à s’améliorer. C’est pourquoi les entreprises investissent massivement dans la collecte et l’analyse de données. Cela dit, s’entraîner sur des volumes de données toujours plus importants ne garantit pas nécessairement des performances exponentiellement supérieures. En effet, la qualité des données importe autant que leur quantité. Le principe « garbage in, garbage out » (des données de mauvaise qualité en entrée donnent des résultats de mauvaise qualité en sortie) est un adage bien connu dans le domaine de l’IA.
Centralisation de l’IA : le règne des plus riches
La centralisation du développement de l’IA entre les mains de quelques acteurs fortunés est une préoccupation grandissante pour les chercheurs et les analystes du marché. Ces acteurs disposent de budgets de plusieurs milliards de dollars pour acquérir de grands ensembles de données de haute qualité. Ce phénomène amplifie leurs capacités de développement, mais il limite paradoxalement l’innovation en la confinant à un petit nombre d’acteurs.
Pratiques douteuses d’acquisition de données
La course effrénée à l’acquisition de données d’entraînement a parfois conduit à des comportements éthiquement discutables, voire illégaux. On retrouve parmi ces pratiques l’agrégation secrète de contenus protégés par des droits d’auteurs ou l’utilisation de documents publics à des fins d’entraînement sans l’accord des parties concernées. Ces pratiques ont surtout profité aux géants de la tech, capables de débourser des sommes colossales pour obtenir des licences sur les données.
Un marché des données en pleine expansion
Le marché des données d’entraînement pour l’IA est en pleine expansion. Il devrait passer d’environ 2,5 milliards de dollars à près de 30 milliards dans une décennie. Les courtiers en données et les plateformes se précipitent pour faire payer le prix fort, parfois contre la volonté de leurs utilisateurs. Certaines plateformes ont même réussi à monétiser leurs données en concluant des accords avec des fournisseurs d’IA pour des montants allant jusqu’à 50 millions de dollars.
Vers une démocratisation de l’accès aux données ?
Face à cette situation, des initiatives indépendantes tentent de démocratiser l’accès aux données. Leur objectif est de permettre à davantage d’acteurs de contribuer à l’innovation en matière d’IA, sans être tributaires des géants du secteur. Néanmoins, ces efforts restent modestes face à l’ampleur des enjeux.
Le coût élevé des données d’entraînement pour l’IA et leur accaparement par les grandes entreprises technologiques posent un défi majeur pour l’avenir de l’IA. La question de l’accès équitable aux données devient un enjeu crucial pour garantir un écosystème d’IA dynamique et inclusif. Il est donc essentiel de réguler ce marché et de promouvoir des pratiques éthiques en matière d’acquisition et d’utilisation des données. Seule une approche globale et concertée permettra de relever ce défi et de veiller à ce que l’IA reste un bien commun, accessible à tous.